
Je saisie ce cuir que je déboutonne; deux de mes doigts le tienne ouvert, une fois déplié. Je l'écarte afin que le parfum de ce qu'il renferme pénètre mon odorat qui se réjouit déjà de la suite. Je fouille en lui pour en extraire un tube que je viens placer entre mes lèvres. Puis c'est au tour de ce bout de carton de s'ouvrir afin que j'en prélève cette chose si fine qui contiendra le tout. Pincé entre le pouce et l'index, je range ce bout de carton et retourne cette feuille, sa partie brillante levée vers le ciel.
Maintenant vient le moment à l'arôme de faire son entrée. Allongé sur mon ventre, je plonge ma main à l'intérieur et en déchire une quantité suffisante pour un simple plaisir. Ce blond que maintenant je tente détaler sur cette blanche, fait quelques caprices à la forme que je veux lui donner. Finalement compressé, il est pris au piège et se voit aller d'avant en arrière jusqu'à ce qu'il prenne cette forme cylindrique. Je viens placer l'objet suspendu à mes lèvres, à l'extrémité, rattrapant les quelques bouts voulant s'échapper. Pris de tout côté, il n'a qu'une seule issue.
Bientôt l'humidité de ma langue vient souder le tout dans sa longueur et termine cet objet ressemblant à un crayon un peu trop taillé. Quelques filaments ayant tenté de s'échapper par l'avant, finissent de nouveaux avec leurs frères. Puis voilà que je la pince et la secoue afin d'en évacuer l'air qui la ferait se consumer trop vite. Droite et fière, elle trouve sa place au coin de deux ourlets, légèrement gercés. Le reste de blond étalé sur le cuir fini sa route au fond, protégé du dessèchement.
Refermé et reboutonné, une main se tend vers la source lumineuse, l'autre vers l'obscurité d'un puits miniature. Une roulette suivi d'un clic, laisse échapper cette source de chaleur que j'approche de ce qui me pend à la bouche. Un crépitement dansn un souffle et ma vision se laisse envahir d'une fumée qui danse de s'être libérée et fuit aussitôt dans un second souffle. Puis un rythme s'organise entre tous ces sons, ma main et mon esprit qui s'envole.
Le passage au puits est indispensable après quelques aspirations, afin que l'objet se consumant ne vienne pas s'écraser en tachant ce qu'il aura touché. Un oubli, la refroidi, c'est donc deux actions simultanées de mes poumons que le son du crépitement se fera de nouveau entendre et fera briller son extrémité d'une lumière incandescente. Des volatiles s'échappent toujoutrs, une peur du puit peut-être, mes l'extrémité de mes doigts viennent les rattraper au vol pour les contraindre à leur destin.
Bientôt elle devient trop courte, et ce sont mes lèvres qui en font les frais, se brulant à en vouloir toujours davantage. Cela signifie la fin, la conclusion, où ce qui reste de ce cadavre fumant ne sert plus, à part peut-être subir un dernier contact avec mes doigts qui l'écrasent afin de l'achever. Elle n'est plus rien, à part un déchet perdu au fond d'un trou, qui bientôt trouvera de la compagnie, quand ce cycle reprendra de nouveau.
Le 24 octobre 2012