
J'aime en avoir un avec moi, que ce soit pour un long trajet ou un court, dans mon lit ou en terrasse d'un café. Il s'accompagne très bien auprès du feu, avec un chocolat ou un wisky. Même en restant assis, il peut te faire voyager, réfléchir, t'émouvoir ou t'ennuyer.
Sa couverture rigide, parfois en cuir pour les plus anciens, renferme une histoire ou un savoir dont toi seul as la liberté d'interprétation. Il devient une fenêtre qui change à chaque fois que l'extrémité de tes doigts, après avoir été mouillé par le bout de ta langue, fait glisser de gauche à droite cette chose si fine imprimée et qui rempli le tout. Souvent avant de t'y attaquer, tu le retournes car c'est souvent là qu'on le résume. Tu prends tes précautions, ne commençons pas une chose si ce n'est pas pour la terminer, alors au moins qu'il puisse t'intéresser un peu.
Enfin tu oses plonger dedans, il te prend par la main et tu le laisses faire, tu le suis partout où il t'emmène sans même savoir ce que va être la suite. Des fois la réalité te rappelle et t'oblige à créer un suspens dans ta mémoire en le laissant là coincé face contre terre entre la 121 et la 122 ou en incrustant un bout de carton, de feuille, d'enveloppe, de photo, de carte, peu importe, quelque chose de plat, fin et étranger à ton aventure. Puis tu reviens à lui, un rembobinage des souvenirs est parfois nécessaire pour reprendre le fil.
Et te revoilà parti avec lui, des fois tu émets des sons sans même t'en apercevoir, un soupir, un rire, un gémissement, un reniflement. Vous ne faites plus qu'un quand tu le tiesns face à toi et que tout ce qu'il renferme, se lit sur ton visage. Il dégage une lumière qui fait vivre tes yeux. Tu tournes, tu tournes, et tu sais que la fin approche, même s'il a réussi à embrouiller ton esprit, ce dernier est persuadé que la solution ne peut se trouver en cette épaisseur tenue en ta main droite.
La dernière ponctuation a fait son entrée et te voilà rassasié, surpris mais heureux. Tu viens de vivre en dehors de ta vie.
Le 01 janvier 2013